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Père d’une victime du Bataclan, Georges Salines a rencontré les terroristes du 13 novembre

Dix ans après les attentats du 13 novembre, Georges Salines continue de chercher du sens dans l’indicible. Ce médecin de santé publique, aujourd’hui retraité, est le père de Lola Salines, tuée au Bataclan à 28 ans. Depuis ce jour, il s’est engagé dans un long cheminement intérieur et collectif, entre mémoire, justice et dialogue.

Avant 2015, Georges menait une vie tranquille, rythmée par son métier et par la joie de ses enfants. Lola, l’aînée, travaillait dans l’édition et pratiquait le roller derby. Elle aimait la musique, la fête, les gens. « Lola, c’était vraiment la vie. Elle adorait rire, bouger, sortir… » Le 13 novembre, elle meurt au Bataclan, avec 89 autres personnes. Une blessure qui ne se referme pas. « On ne s’en remet jamais. On apprend à vivre avec, autrement. »

Dans les semaines qui suivent, Georges rejoint d’autres victimes et proches de victimes pour fonder l’association 13onze15 – Fraternité et Vérité, dont il devient le président. Ensemble, ils se battent pour la reconnaissance, pour la vérité judiciaire, mais aussi pour une mémoire apaisée. « Très vite, j’ai eu besoin de faire quelque chose. Pas pour me venger, mais pour que ça serve à quelque chose, que ça ne se résume pas à la haine. »

Le procès du 13 Novembre a marqué un tournant. Pendant près de dix mois, il a assisté, jour après jour, aux audiences. « Ce procès, c’était long, éprouvant, mais nécessaire. Il a permis à chacun de dire sa douleur, de remettre des mots sur l’indicible. » Mais pour Georges, la justice ne s’arrête pas aux tribunaux. Au fil des années, il s’est intéressé à la justice restaurative, un dispositif encore méconnu en France, qui permet à des victimes et à des auteurs de crimes de dialoguer en dehors du cadre judiciaire.

Ces rencontres ne visent pas le pardon, mais la compréhension. « Ce n’est pas pardonner. C’est écouter l’autre sans effacer sa propre douleur. C’est une façon de reconstruire un tout petit morceau de ce qui a été détruit. » Ce chemin l’a conduit à des rencontres inimaginables : celle de Mohamed Abrini et Sofien Ayari, impliqués dans les attentats du 13 novembre.

Georges Salines nous raconte ces rencontres et les raisons pour lesquelles il a voulu confronter ces hommes, qui ont directement participé à l’attentat qui a tué sa fille. Aujourd’hui, Georges continue de témoigner, non pas pour tourner la page, mais pour la lire avec justesse. « La mémoire doit être vivante. Pas un monument figé, mais quelque chose qui interroge notre société. »

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