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Ce qui s'est vraiment passé lors de l'action des militants pro-palestine à la Philharmonie de Paris

Lors d’un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël, des militants pro-palestiniens ont été violemment agressés avant d’être eux-mêmes inculpés. Leur avocat, Maître Jaite Mohamed, dénonce un scandale judiciaire et médiatique.

CETTE VIDÉO EST UN EXTRAIT DE L'ÉMISSION "TOUJOURS DEBOUT" DU 10/11/2025. 

Jeudi 6 novembre, le concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris a été interrompu par une action pacifique du collectif Palestine Action France. Leur objectif : dénoncer la “normalisation culturelle” avec un État poursuivi devant la Cour internationale de justice pour génocide. Très vite, la soirée a dégénéré. Des spectateurs ont roué de coups les militants, certains grièvement blessés. Sur les vidéos largement relayées, on distingue des personnes frappées à terre, sans qu’elles aient porté le moindre coup. Pourtant, quatre militants ont été interpellés, placés en garde à vue pendant 48 heures, puis mis en examen — tandis que leurs agresseurs, eux, sont repartis libres.

Invité d’Amina Kalache, Maître Jaite Mohamed, avocat des militants, dénonce une situation “incompréhensible”. Selon lui, la seule violence de la soirée est venue du public : “Les spectateurs savaient qu’il s’agissait d’une action non violente. Ils ont eu le temps de comprendre, mais ont choisi d’agir avec acharnement. Certains ont dû être retenus par d’autres spectateurs pour éviter un lynchage.”

L’avocat regrette que ni Laurent Nunez, ministre de l’Intérieur, ni Rachida Dati, ministre de la Culture, n’aient condamné ces agressions. Au contraire, leurs déclarations se sont concentrées sur la répression des militants, saluant même l’intervention policière. “C’est un deux poids deux mesures évident”, estime Maître Mohamed, qui souligne la sévérité des obligations judiciaires imposées à ses clients, dont une interdiction de manifester : “On leur retire le droit d’exprimer pacifiquement leur opposition à un génocide. C’est une atteinte directe à une liberté fondamentale.” 
Deux plaintes ont été déposées pour violences et une autre pour violation du secret de l’enquête, après la diffusion d’informations personnelles dans des médias d’extrême droite. L’avocat y voit une fuite venue “du parquet ou de la police”

Au-delà du traitement judiciaire, il interroge la sélectivité morale des institutions culturelles. “En 2022, la Philharmonie avait annulé les concerts du chef d’orchestre russe Valery Gergiev pour des raisons morales liées à la guerre en Ukraine. Pourquoi ce principe ne s’appliquerait-il pas à Israël ?”, demande-t-il, soulignant l’incohérence d’un monde culturel “prompt à s’indigner selon le pays concerné”.

Enfin, Maître Mohamed fustige la couverture médiatique de l’affaire, qui a parlé de “rixe” ou de “bagarre” sans mentionner les coups portés aux militants. “Certains médias déforment les faits et légitiment la violence contre des militants pro-palestiniens. Cela contribue à leur déshumanisation.” Pour lui, cette banalisation médiatique et politique des violences participe d’un climat dangereux. “Tant que le génocide se poursuit en Palestine, la société civile continuera à se mobiliser. Et elle doit pouvoir le faire sans risquer d’être frappée ou criminalisée.”

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