Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
5 décembre : sueurs froides au sommet de l'État
La France retient son souffle. Le 5 décembre, se jouera un tournant de notre histoire immédiate.
À Amiens, où il était en déplacement en fin de semaine dernière, Emmanuel Macron est revenu à plusieurs reprises sur cette journée de grève et de manifestations. D’abord pour la dénigrer.
Le message est clair. Les Français sont de grands enfants qui s’agitent pour rien, puisque le projet n’est pas arrêté. Et ils sont manipulés par ceux qui ont des privilèges à défendre. Du projet de loi, on ne connaît que les ballons d’essai successifs lancés par les membres du gouvernement. L’exécutif semble vouloir jauger les forces en présence avant de se prononcer.
Mais l’escalade présidentielle d’Amiens ne s’arrête pas là. Non content de réduire la manifestation du 5 décembre aux seuls régimes spéciaux, le chef de l’État brandit une seconde accusation : celle de la conspiration. Selon le président, il y aurait des forces qui pousseraient à la violence. Et ce, depuis plusieurs mois. Des comploteurs tapis dans l’ombre ! Tremblez bonnes gens !
Cette insistance du chef de l’État sur la violence interpelle. Elle peut s’interpréter de deux façons.
Soit l’exécutif à l’intention d’encourager les incidents pendant la manifestation du 5 décembre afin de pourrir le message de la journée. Ce qui compromettrait la reconduction de la grève.
Soit il a peur que ne se répète, à un an d’intervalle, l’émeute du 1er décembre 2018 qui avait vu l’Élysée vaciller l’espace de quelques heures.
Dans les deux cas, c’est la marque d’un pouvoir aux abois.