Ce n’est pas un coup de théâtre, mais une confirmation : l’État nigérien a officiellement nationalisé la filiale locale de la multinationale française Orano, spécialisée dans l’extraction d’uranium. Une ressource stratégique, longtemps au cœur d’une relation asymétrique entre Paris et Niamey.

Mais cette décision soulève de nombreuses questions : pourquoi maintenant ? Et à qui profite la rupture ? Pour y répondre, nous recevons Seidik Abba, journaliste, chercheur, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES). Il démonte une lecture trop rapide véhiculée par certains médias français, dont Libération, qui voient dans cette décision une simple manœuvre de diversion après une attaque djihadiste meurtrière.

Un raisonnement "trop simpliste", selon notre invité. Seidik Abba aborde des questions clés : 
– Quelle est l’histoire de l’uranium nigérien dans la politique énergétique française ? 
– Cette nationalisation est-elle une rupture géopolitique ou un simple ajustement stratégique ? 
– Le Niger peut-il exploiter seul ses ressources ? Et vers quels partenaires se tourne-t-il désormais ? 
– Cette décision s’inscrit-elle dans un agenda panafricaniste plus large contre les intérêts occidentaux ? 
– Quelles conséquences pour les relations entre le Niger, la France, mais aussi la Chine, déjà impliquée dans d’autres projets extractifs ?

Seidik Abba évoque aussi les pressions qu’il subit personnellement de la part de ce qu’il appelle la "barbouzerie française", en raison de ses positions critiques sur les interventions étrangères au Sahel. Un entretien indispensable pour comprendre les recompositions en cours dans le Sahel, à l’heure où les rapports de force se déplacent, et où les États africains cherchent à reprendre la main sur leurs ressources.