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Libération de Boualem Sansal : les dessous du deal avec l'Algérie
Boualem Sansal a été gracié par l’Algérie. Et ce n’est pas la diplomatie française qui a permis cette issue, malgré des mois de pression et de déclarations tonitruantes, mais l’Allemagne. Berlin a mené ce week-end des discussions discrètes avec Alger, formulant une demande de grâce respectueuse des procédures et proposant de prendre en charge le rapatriement et les soins de l’écrivain, atteint d’un cancer. Une approche calme et diplomatique, à l’opposé de la stratégie française, marquée par les provocations de Bruno Retailleau qui ont crispé Alger et alimenté un climat de défiance.
À l’Assemblée, du RN au PS, tout le monde se félicite aujourd’hui de la libération de Sansal. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a même interrompu les débats budgétaires pour en dire un mot. Mais derrière ce consensus se lit un aveu d’échec : la France a dû passer par l’Allemagne pour obtenir ce qu’elle réclamait depuis un an.
Sansal, connu pour ses positions islamophobes et hostiles envers l’Algérie, avait été arrêté après une interview donnée à un média identitaire français, interprétée à Alger comme un révisionnisme colonial. Dans un pays encore marqué par un traumatisme profond, ce type de discours est explosif.
Cette année de détention aura surtout révélé l’instrumentalisation du dossier par une partie de la droite française — Retailleau en tête — et les impasses persistantes de la diplomatie française, encore prisonnière d’un rapport colonial envers l’Algérie.