Le Journal des luttes, c’est le seul JT quotidien entièrement dédié aux luttes sociales et syndicales en France. Chaque jour, il donne la parole au camp du travail, aux exclu.e.s et à celles et ceux qui les soutiennent, et met en lumière leurs combats et leurs victoires.
Comparutions immédiates : la justice frappe fort contre les manifestants du 18 septembre
Le Journal des luttes du 24 septembre, présenté par Amira Bendjaballah Jean-Pierre.
Ce mardi 24 septembre, au tribunal judiciaire de Paris, se sont tenues les audiences de comparutions immédiates liées aux manifestations du 18 septembre. L’une d’elles a marqué les esprits : un dessinateur de 30 ans a été condamné à quatre mois de prison ferme, avec mandat de dépôt immédiat. Autrement dit, direction la prison dès le prononcé du jugement.
On lui reprochait rébellion, participation à un groupement en vue de violences, dissimulation du visage et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique. Selon l’accusation, l’homme aurait tenté de frapper un policier et blessé une policière, qui s’est fracturé le coude. Mais la vidéo de vidéosurveillance diffusée à l’audience montre une autre scène : menotté puis détaché, le prévenu recule, lève le bras par réflexe, avant d’être étranglé puis plaqué au sol par trois agents. C’est dans cette chute que la policière se blesse.
Malgré ces images, la défense n’a pas été entendue. L’avocat, Me Baudelin, dénonce une “justice politique”, rendue pour l’exemple plus que sur les faits. La procureure a explicitement demandé aux juges de ne pas se limiter à l’examen de cette seule journée, mais de juger la contestation sociale dans son ensemble. Et les magistrats ont suivi.
Dans la salle, le verdict a suscité pleurs et colère. La répression policière de la manifestation a trouvé son prolongement judiciaire, dénoncent les avocats. Plusieurs prévenus se sont vu reprocher non pas des actes établis, mais leur simple présence à Nation ce 18 septembre, assimilée à une “attitude belliqueuse”.
L’audience illustre un durcissement inquiétant : des infractions comme “groupement en vue de” ou “dissimulation du visage” permettent désormais de criminaliser l’intention supposée de manifester. Un étudiant s’est retrouvé poursuivi pour avoir transporté du matériel d’art. Un Américain, interpellé pour avoir renvoyé un palet de lacrymogène, a écopé d’une interdiction du territoire français.
À l’issue des délibérés, un jeune spectateur criant “No pasarán” a été interpellé dans les couloirs du tribunal. Comme un symbole : la répression s’exerce désormais jusqu’aux bancs du public.