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Dans les déserts médicaux français. 2/4 Déni de grossesses

Par Maïlys Khider

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En 20 ans, près de la moitié des maternités françaises ont fermé. Mises en danger, les femmes voient leur accouchement tourmenté par des décisions politiques, dictées par des considérations pécuniaires.

À Saint-Claude, bourgade de 9000 habitants nichée au cœur d’une cuvette dans les hauteurs du Jura, Ayla Karabay a failli donner naissance à son bébé sur le bord de la route. Souvenir amer d’une seconde grossesse pour cette ancienne animatrice de centres de loisirs et employée de maisons de retraite. En 2018, l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté décrète la fermeture de la maternité de l’hôpital Louis Jaillon de Saint-Claude, où Ayla vit avec son mari et ses deux enfants. En 2021, elle tombe enceinte. Plus possible d’accoucher à cinq minutes de chez elle. Il lui faudra se rendre à une trentaine de kilomètres, à Oyonnax.

La maternité de Saint-Claude reste en charge des suivis jusqu’au septième mois. Au-delà, ceux-ci sont déplacés dans la ville voisine. Après une prise de sang, une nouvelle éclate : Ayla est atteinte de diabète gestationnel, une pathologie à suivre de près. Qui s’ajoute à des vomissements, des chutes de tension et de l’anémie.

Ayla multiplie les trajets, contrainte de conduire durant quarante minutes dans des routes sinueuses de montagnes. « On a eu une période où c’était bien gelé. J’étais effrayée. Mon mari travaillait, il ne pouvait pas m’accompagner. J’avais un enfant en bas âge que je devais déposer avant de me rendre à Oyonnax. J’ai dû y aller plusieurs fois par semaine durant mes derniers mois de grossesse, avec des sensations de malaise régulières. Entre les rendez-vous avec la diabétologue, le gynécologue, la détermination du groupe sanguin, j’ai fait onze allers-retours en un mois. »

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