« Carte blanche », c’est la rubrique du Média consacrée à nos coups de gueule, coups de cœur et à nos partis pris. À nos opinions, étayées par des faits scrupuleusement respectés mais éclairés par nos différentes sensibilités.
Kneecap : ce groupe de rap irlandais qui fait trembler Retailleau, Caroline Yadan et les pro-israël
Kneecap secoue la scène avec son rap engagé, mêlant anglais et gaélique. Provocateurs et anti-système, les trois artistes défendent la Palestine et font face à la censure, déclenchant débats et polémiques à l’international.
Venus des quartiers ouvriers de Belfast, les rappeurs de Kneecap – Mo Chara, Móglaí Bap et DJ Próvaí – mêlent anglais et gaélique pour revendiquer une culture étouffée par la domination britannique. Leur hip-hop irrévérencieux, nourri d’humour noir, de rébellion et d’anticolonialisme, les a propulsés des pubs irlandais jusqu’aux scènes de Coachella et de Sundance. Mais leur franc-parler dérange.
À Los Angeles, en avril 2024, ils affichent « Fuck Israel, Free Palestine ». Depuis, c’est l’avalanche : inculpation au Royaume-Uni, concerts annulés en Allemagne, censure de la BBC à Glastonbury. En France, la polémique rebondit : Caroline Yadan réclame l’interdiction de leur passage à Rock en Seine, soutenue par Bruno Retailleau, qui place le groupe sous haute surveillance.
Comme avec Médine, la mécanique se répète : subventions coupées, festivals menacés, organisateurs intimidés. On ne censure plus frontalement : on asphyxie financièrement. De Belfast à Paris, Kneecap incarne cette contradiction criante : une démocratie qui se proclame garante de la liberté d’expression, mais sanctionne dès qu’un artiste ose rappeler que cette liberté devrait aussi valoir pour la Palestine.