Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Des milliards pour épater la galerie ? Ce qui se cache derrière le sommet de Macron à Versailles
“France, terre de créativité”, c’est le thème du sommet Choose France qui a débuté lundi 19 mai. 37 milliards d’euros d’investissements étrangers en France, dont 20 milliards « entièrement nouveaux » se félicite l’Elysée ont été promis. Ce sommet a réuni à Versailles plus de 200 patrons étrangers : le chinois BYD, le suédois Ikea, des américains Blackstone et Goldman Sachs. 40 % des invités sont européens, et les Américains restent la première nationalité représentée (19 %) malgré la guerre commerciale lancée par Trump.
Dans l’ancien palais royal, Emmanuel Macron vante l’attractivité de la France pour attirer les investissements étrangers. Thomas ne partage pas l’enthousiasme du Président. En effet, les investissements directs étrangers interrogent. Un risque : que les entrepreneurs repartent et délocalisent, comme cela a été le cas pendant des années. L’économiste craint de l’attractivité « washing », sans aucune amélioration concrète derrière à l’heure des centaines de plans de licenciement. « C’est l’arbre qui cache la forêt ». Après un rebond en sortie de crise sanitaire, l'investissement des entreprises non financières a en effet reculé de 1,6% en 2024, selon l'Insee. La question de l’investissement et des entreprises est également centrale au sein de l’UE. Et l’on ne fait que parler de compétitivité, face aux chinois ou aux américains. L
e Monde rapporte que “La Commission européenne a proposé mercredi 21 mai d’alléger certaines obligations réglementaires pour 38 000 entreprises de taille intermédiaire, comptant entre 250 et 750 salariés, poursuivant un virage probusiness visant à rétablir la compétitivité de l’Europe face aux concurrents internationaux. Ces groupes bénéficieront de certains avantages et exemptions, jusqu’à présent réservés aux entreprises plus petites (moins de 250 salariés), dans différents domaines comme la protection des données personnelles ou le reporting financier.” L’exécutif européen s’est engagé à réduire de 25 % les coûts administratifs des entreprises d’ici à 2029. Nous avons l’impression qu’à l’UE, on panique face aux stratégies américaines et chinoises. Mais tout cela était extrêmement prévisible non. C’est le résultat d’une politique très libérale, sans réelle politique industrielle intérieure.
Lisa Lap et Thomas Porcher décryptent tout cela, c’est l’Instant Porcher !