Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Pétrole : pourquoi le Sénégal fait paniquer l'Occident
Le Sénégal se lance dans un bras de fer avec le plus important exploitant pétrolier du pays, l’australien Woodside Energy. “L’administration fiscale réclame 62,5 millions d’euros au groupe australien, qui exploite le champ de Sangomar. Contestant tout arriéré d’impôt, celui-ci a lancé une procédure d’arbitrage international.” explique Le Monde. Le journal ajoute que “Le cœur du litige serait dû à des évolutions dans le régime fiscal sénégalais. Le groupe pétrolier considère que les exigences sénégalaises contreviennent à des clauses contractuelles censées protéger les investisseurs en cas de changements fiscaux ou légaux. Or entre la signature du contrat de Sangomar, en 2004, qui s’appuyait sur le code pétrolier de 1998, et les revendications des contrôleurs d’impôts, le texte régissant le secteur des hydrocarbures a changé, en 2019.” Souvent, nous avons parlé dans l’Instant Porcher de ces grands groupes qui exploitent les ressources dans les pays africains. De cette relation d’interdépendance mais aussi de la mainmise de l’Occident sur le continent africain.
La procédure lancée par le groupe pétrolier peut durer des années. Et Le Monde rappelle : “l’Etat (sénégalais) est engagé dans une course contre la montre. Surendettement, note souveraine dégradée, gel du financement du Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 1,8 milliard de dollars ayant pour effet de suspendre d’autres financements comme ceux de l’Union européenne (UE)… Les marges de manœuvre du Sénégal, extrêmement limitées, contraignent les autorités à multiplier audits et redressements. Du français Eiffage au turc Summa, beaucoup de grands groupes passent sous les fourches caudines des inspecteurs des impôts.” Cela démontre dans quel étau l’Occident a placé les pays africains avec des ressources.
Le fameux “conclave” sur la réforme des retraites par François Bayrou a fini sur un échec… assez prévisible me direz vous. On l’avait dit ici. Le Premier Ministre voulaient laisser syndicats et patronat discuter, mais a mis des contours : ne pas revenir sur les 62 ans par exemple. La CGT comme d’autres avaient alors quitté la table des négociations. En dernière ligne, les “partenaires sociaux” restants ne se sont pas mis d’accord sur la pénibilité. François Bayrou a tenté de sauver les restes, et avance que le “travail s’est déroulé dans un climat de coopération”.