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Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.

On ne dissout pas un soulèvement : face à la répression, les activistes répliquent

On ne dissout pas un soulèvement. L'affirmation, dans le titre de l'ouvrage collectif, édité au Seuil, le dit d'emblée : "on n'efface pas par décret les constats scientifiques ni le refus d'un capitalisme radicalisé fonçant dans le mur". Après l'accusation d'écoterrorisme, portée par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, met au devant de la scène les Soulèvements de la Terre. Pourtant, malgré les menaces de dissolution, le mouvement est toujours actif et publie son cri de colère, pour ce qui serait, "la bataille du siècle".

Le 5 Juin 2023, une quinzaine d'activistes sont arrêtés dans une dizaine de villes. L'état français leur reproche une action militante, d'une dizaine de minutes, contre des installations de Lafarge, en décembre 2022. Une action pour désarmer les bétonneurs, puisque le sable est la deuxième ressource la plus prélevée après l'eau. Cette répression s'inscrit dans un mouvement de criminalisation du mouvement écologiste, dont les Soulèvements de la Terre sont l'une des principales cibles du moment. Depuis que Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, les a désigné d'écoterroriste, souhaitant leur dissolution, ce mouvement semble sur la sellette, s'attendant à tout moment à découvrir un décret signant leur interdiction. Dans le même temps, des militantes et des militants contre les méga-bassines sont espionnés par les services de police et de gendarmerie. Des notes des services de renseignements décryptent le fonctionnement de la mobilisation dans le Poitou. Et lors des grandes journées de manifestation, un déluge de violence policière s'abat sur les marcheurs. Plus de 200 blessés sont recensés lors de la dernière grande marche à Sainte-Soline. Un manifestant est plongé dans le coma. S'il en est sorti depuis, son état reste préoccupant et son pronostic vital engagé. Sa famille a porté plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours. Mais les Soulèvements de la Terre perdurent. Ils publient leur cri de colère, dans un ouvrage aux éditions du Seuil : On ne dissout pas un soulèvement, 40 voix pour les soulèvements de la terre, dont les droits d'auteurs sont versés au mouvement. Dans une dénonciation de l'accaparement de l'eau et des terres, cette oeuvre collective met en exergue les leviers du capitalisme, qui s'accroche à un modèle agricole désuet. C'est ce même modèle agricole, qui pompe à Sainte-Soline, l'eau des méga-bassines et des nappes phréatiques, dans un contexte de sécheresse. Alors que les autorités présentent ces installations comme une solution d'adaptation dans ce contexte de pénurie d'eau, les expertises démontrent qu'elles menacent les réserves d'eau et peuvent perturber son cycle. C'est ce système mortifère, protégé par le pouvoir, que deux auteurs sont venus dénoncer sur le plateau du Média. Léna Lazare, activiste et porte-parole des Soulèvements de la Terre et Christophe Bonneuil, historien des sciences, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l'EHESS, racontent la bataille pour l'eau et les terres, en abordant les problématiques sous-jacentes, du foncier, du capitalocène, du colonialisme et de la lutte des classes.

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Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.

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