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On s'autorise à penser

On s'autorise à penser

Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.

Face à l'extrême-droite : l'étendard de l'égalité | Edwy Plenel, Julien Théry

Comment en sommes-nous arrivés à la domination de l'espace médiatique français par les idées d'extrême-droite, et que faire ? Ce sont les questions posées par Edwy Plenel dans son dernier livre d'intervention, « L'appel à la vigilance », au sujet duquel Julien Théry l'a reçu pour cet épisode d'« On s'autorise à penser ».

Comment en sommes-nous arrivés à la domination de l'espace médiatique français par les idées d'extrême-droite, et que faire ? Ce sont les questions posées par Edwy Plenel dans son dernier livre d'intervention, « L'appel à la vigilance », au sujet duquel Julien Théry l'a reçu pour cet épisode d'« On s'autorise à penser ». 

Le point de départ du livre est un hommage à l'historien Maurice Olender avec le souvenir de l'« Appel à la vigilance », lancé par ce dernier en 1993. Dans ce texte, quarante grandes figures de la vie intellectuelle française et européenne sonnaient l'alerte contre la banalisation déjà en cours à la télévision et à la radio des idées d’extrême-droite, nationalistes, racistes et favorables à l'arbitraire d'Etat, dont les signataires soulignaient qu'elles préparaient et justifiaient d'avance toute sorte de violence contre les immigrés, les pauvres et les contestataires de l'ordre en place. 

Le moins que l'on puisse dire, trente ans après, est qu'une telle inquiétude était justifiée. L'Appel de 1993 prend une dimension prophétique, tant les choses ont empiré depuis avec la prise de contrôle généralisée des grands médias par des groupes privés dont les patrons sont déterminés à en faire leurs instruments idéologiques. Le cas Bolloré, avec la promotion d'une candidature ouvertement raciste à l'élection présidentielle, est le plus caricatural, mais n'en est pas moins bien représentatif d'une situation générale. 

Pour Edwy Plenel, la réponse doit être le combat pour l'égalité, car le point commun de tous les extrémismes de droite est l'idée d'inégalités naturelles nécessaires (entre les races, entre les classes, entre les civilisations, entre les individus). Pour cette raison, le mouvement social actuel contre la « réforme » des retraites et l'arbitraire du président Macron lui paraissent participer à plein titre du combat contre l'hégémonie ultra-réactionnaire, au même titre que la mobilisation contre le régime néofasciste de Poutine et son entreprise impérialiste guerrière en Ukraine. 

Pour autant, et même si Pierre Bourdieu (l'un des signataires de l'appel de 1993) a très clairement averti à ce sujet à la fin de sa vie, Edwy Plenel estime que le lien n'est pas fatal entre le développement des politiques néolibérales, avec la radicalisation des inégalités qui en découle, et la montée de l'extrême-droite. Pour lui, d'ailleurs, les intellectuels de centre gauche et les syndicats qui ont soutenu le plan Juppé en 1995 face à la grande mobilisation sociale qui s'y est opposée ont su depuis tirer les leçons de cette erreur, à l'instar de Pierre Rosanvallon et de la CFDT. Le parcours spectaculaire d'une figure comme celle de l'historien et éditorialiste à Marianne Jacques Julliard (parti du socialisme autogestionnaire pour en arriver à des affinités avec le suprémacisme blanc, en passant par le chevénementisme), ne doit pas être tenu pour représentatif de l'évolution de la « seconde gauche » ou du rocardisme. 

Mais quelle stratégie adopter, après trois décennie d'échec, pour enrayer enfin la montée de l'extrême-droite ‒ et empêcher cette dernière d'accéder prochainement elle-même au pouvoir (alors que ses idées y sont déjà dans une large mesure), par exemple aux prochaines élections présidentielles ? Pour Edwy Plenel, la seule réponse possible est l'unité de la gauche, dont les différentes formations politiques peuvent, selon lui, mettre leurs divergences de côté et s'accorder sur l'essentiel pour faire front commun.

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