Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
Sécheresse : un danger (pour le) nucléaire ?
Depuis le début de l’été, des périodes de sécheresse se succèdent dans toute l’Europe. Les centrales nucléaires qui nécessitent de l’eau pour refroidir leurs réacteurs voient leurs moyens de prélèvement limités aux abords des fleuves. Pénurie d'électricité ou accidents nucléaires sont envisageables dans les scénarios les plus catastrophiques.
Des fleuves toujours plus secs et celà dans toute l’Europe. Un phénomène, conséquence du dérèglement climatique toujours plus inquiétant. Outre les conséquences sur la biodiversité, le manque d’eau est un aspect inquiétant concernant les centrales nucléaires. En effet, ces dernières ont besoin d’eau pour refroidir leurs réacteurs. Une eau qui est ensuite rejetée en mer ou dans les fleuves à des températures élevées.
Ce fonctionnement induit deux inquiétudes quant au manque d’eau dans les fleuves. D’un côté, une incapacité à refroidir les réacteurs, de l’autre une eau rejetée trop chaude en comparaison à l’environnement qui la reçoit, ce qui impacterait la biodiversité qui y vit.
Face au premier problème, Cécile Laugier, Directrice Environnement et Prospective à EDF énonçait pouvoir y faire face lors d’une conférence de presse sur la résilience de installations nucléaires face aux sécheresses et aux canicules le 5 juillet 2022 : “Ces échangeurs de chaleur peuvent fonctionner dans des situations qui peuvent être très chaudes, voire fonctionner dans des situations où il y aurait peu d’eau. On a en effet adapté de façon très précautionneuse les prises d’eau, et notamment les prises d’eau de sûreté.”.
Face au second, les solutions ne sont pas les mêmes. Le 6 août, l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) a prolongé les dérogations autorisant 4 centrales nucléaires sur les 18 en activité en France (celles du Blayais (Gironde), du Bugey (Ain), de Golfech (Tarn-et-Garonne) et de Saint-Alban-Saint-Maurice (Isère)) à rejeter des eaux plus chaudes.
Mais d’après Martial Chateau, porte-parole du collectif Sortir du nucléaire, cette décision n’est pas sans conséquences : “Si on rejette une grande quantité d’eau chaude dans un débit faible, ça va échauffer l’eau de la rivière globalement (...) C’est très dommageur pour la vie aquatique”. Martial Chateau explique que “Le premier consommateur d’eau ce sont les centrales nucléaires”, pour lui “Quand il n’y en a plus, la seule chose qu’il faut faire c’est les arrêter”.