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On s'autorise à penser

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Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.

Julian Assange devrait avoir la légion d'honneur | Juan Branco

Après le succès de « Crépuscule », Juan Branco publie « Julian Assange. L’antisouverain » (éditions du Cerf) au moment où le destin du fondateur de Wikileaks se joue avec l’ouverture à Londres du procès qui statuera sur son extradition ou non vers les États-Unis. À partir de son itinéraire personnel de conseiller juridique puis d’avocat de Julian Assange, mais aussi d’étudiant à l’École normale supérieure et à l’université de Yale, de membre de cabinet ministériel, et de soutien des mouvements de contestation, en particulier des Gilets Jaunes, Juan Branco propose une réflexion de philosophie politique sur les oppositions contemporaines aux pouvoirs d’État. Julien Théry s’entretient avec lui au sujet de ce livre insolite, qui mêle divers récits plus ou moins personnels, analyses conceptuelles et textes d’intervention.

Pour Juan Branco, l’histoire de Wikileaks et la répression arbitraire dont Julian Assange éprouve les effets dans sa chair sont emblématiques de la confrontation actuelle entre la souveraineté dévoyée des appareils d’État, qui repose sur une pratique antidémocratique du secret, et des résistances dont l’efficacité se fonde sur une horizontalité anti-institutionnelle. 

En guise d’ouverture, Juan met à profit son expérience au ministère des Affaires étrangères en 2013 et son analyse des promesses non-tenues des démocraties libérales envers la Révolution syrienne. Il livre une méditation sur le « pacte faustien qu’implique l’entrée en politique » et sur la déconnexion entre le vécu des hommes politiques et les conséquences de leurs décisions sur la vie et, surtout, la mort des hommes.

Le premier chapitre, « Enseigner l’anti-souveraineté dans un lieu souverain », souligne la position paradoxale de celui qui, pour développer et transmettre un savoir au service des résistances aux appareils d’Etat, n’en doit pas moins assumer la position nécessairement « souveraine » de professeur – comme ce fut le cas de Juan Branco lui-même au cours de sa formation dans un haut-lieu de l’élite dirigeante, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, en particulier pour le « séminaire d’élèves » à destination duquel ont été d’abord rédigées les analyses livrées dans cet ouvrage.

Ce dernier se divise ensuite en deux chapitres consacrés à l’itinéraire personnel de Julian Assange et à l’histoire des révélations de Wikileaks, envisagés en conclusion à travers les catégories conceptuelles de Jean-Luc Marion, Gilles Deleuze et Michel Foucault, et deux chapitres centrés sur les dispositifs de surveillance et les formes de résistance à l’empire de l’algorithme tels que l’auteur les a observés pendant les années qu’il a passées au sein du groupe de conseillers de l’homme enfermé à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Le chapitre final en arrive à opposer la figure du lanceur d’alerte qu’est Edward Snowden, qui est encore celle du chevalier, de l’héroïsme, à celle de Julian Assange, « figure pure d’antisouveraineté » qui échappe à « l’ordre de l’événementialité » pour relever d’une « historicité structurée par soi-même », hors de la logique institutionnelle.

Mais le livre réunit encore quatre « annexes » : un discours prononcé par Juan Branco lors d’une occupation étudiante à Censier (La Sorbonne) au printemps 2018, assorti d’un dialogue avec les étudiants ; un récit de l’occupation de l’École normale supérieure quelques jours plus tard, où l’auteur met en parallèle la situation de Julian Assange, traqué par la police anglaise et la CIA, avec celle des occupants encerclés par les forces de police du souverain ; une réflexion aux accents batailliens sur la jouissance populaire du spectacle des supplices imposés par le souverain ; enfin, une dernière adresse à Julian Assange lui-même, en anglais. 

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