Thomas Porcher, économiste, signataire du manifeste des Économistes atterrés, et auteur de nombreux essais dont « Les Délaissés » et « Traité d’économie hérétique » débunke chaque semaine, sur le plateau du Média, les fausses évidences des gardiens du temple néolibéral. À l'occasion, d'autres économistes et praticiens de l'économie viennent répondre aux questions du Média dans le cadre de ce module.
Bayrou est allé trop loin : son budget 2026 va provoquer le chaos
En plein été, François Bayrou a décidé d’annoncer ses pistes pour le budget 2026. En ligne de mire : réduire le déficit à 3% d’ici 2029. Et les français vont payer. C’est le fameux “nous dépensons trop par rapport à nos recettes”. Mais on ne change pas une équipe qui gagne, donc le gouvernement décide de n’aller chercher qu’au niveau des dépenses. Le Premier Ministre annonce que l’année 2026 sera une “année blanche” : tout est gelé, les budgets, le barème de l'impôt, pas de prestations revalorisées, les salaires non plus… Mais ce n’est pas tout ! Le gouvernement annonce aussi : suppression de 2 jours feriés, durcissement (encore) de l’assurance chômage, on se questionne sur la fin des 35h et de la 5e semaine de congés payés contre rémunération. Au total, c’est plus de 40 milliards d’économies.
Pour 2026, Bayrou annonce 20 milliards d’économies sur la dépense publique : 10 milliards sur l’Etat et ses opérateurs, avec des “réorganisations, fusions”, et la suppression de 3000 emplois ; 5,3 milliards sur les collectivités locales (vos mairies, bus scolaires, crèches, entretiens de la voirie… c’est ça) ; 5,5 milliards sur les dépenses sociales… Services publics, classes moyennes, précaires, chômeurs, malades… ça ne sera pas votre année. Et la santé n’est pas épargnée… Pour faire des économies, François Bayrou a affirmé vouloir “responsabiliser les patients”. Ça passe par, l’augmentation des plafonds annuels des franchises et participations forfaitaires et des montants payés sur les médicaments et actes médicaux ; le durcissement de l’ALD et les remboursements ; s’attaquer aux arrêts maladie. Au total : un “effort de 5 milliards”.
Mais ne vous inquiétez pas ! François Bayrou a dit que “l’effort est juste et partagé”. À force d’analyser les budgets, un après un, austérité après austérité, ces “besoins d’économies” servent finalement à appliquer une idéologie politique précise, analysent Lisa Lap et Thomas Porcher. L’économiste rappelle qu’il n’y a pas une absolue nécessité de réduire le déficit ou la dette et que surtout ; ce n’est pas l’austérité qui règle les problèmes de croissance. Thomas Porcher met en garde : les prévisions de croissance du gouvernement ne seront pas bonnes. Lisa Lap et Thomas Porcher rappellent aussi que le gouvernement fait tout pour ne pas aller chercher dans les recettes. En effet, les grandes entreprises ou les foyers les plus riches paient moins d’impôts en proportion que les autres. Pourtant, des milliards se cachent ici. Ils avancent aussi que la politique de l’offre menée par Emmanuel Macron ne fonctionne pas depuis 2017, et pourtant ils réitèrent, encore et toujours. Avec le même bilan : enrichir les plus riches, appauvrir les plus pauvres.
Lisa Lap et Thomas Porcher décryptent tout cela, c’est l’Instant Porcher !