Coup de gueule, coup de coeur, coup de blues… Dans cette rubrique diffusée à l’improviste, un journaliste du Média se saisit d’une question d’actualité tout en se gardant bien de se cacher derrière son petit doigt.
Bloquons tout : malgré la propagande médiatique, c’est ça la France !
Le blocage a toujours occupé une place centrale dans l’histoire sociale française. Des grèves ouvrières du XIXᵉ siècle aux grandes mobilisations étudiantes et syndicales du XXᵉ, il a souvent été perçu comme l’arme des « sans-voix » : bloquer la production, les routes, les universités, pour rendre visible une colère ignorée. Mai 68, les luttes contre la réforme des retraites ou encore le mouvement des Gilets jaunes rappellent que la France s’est construite sur cette culture de confrontation où le blocage devient un langage politique.
Mais l’évolution récente change la donne. Là où jadis le blocage était initié par les manifestants pour peser sur l’économie ou sur le pouvoir, on assiste désormais à un blocage imposé par l’État : encerclement de cortèges, rues coupées, « nassage » préventif. Ces pratiques inversent la symbolique historique : c’est désormais le pouvoir qui bloque le peuple, au nom du maintien de l’ordre.
Cette bascule interroge. Le blocage, hier instrument d’expression populaire, devient aujourd’hui instrument de contrôle. Et les vidéos qui circulent rappellent que derrière chaque manifestation se joue une lutte ancienne : celle du droit de s’arrêter pour se faire entendre, ou d’être arrêté pour être réduit au silence.