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10 septembre : pourquoi il faut tout bloquer ! L'appel de Rachel Keke , ex-députée insoumise
À l’approche du 10 septembre, date annoncée pour une nouvelle mobilisation sociale qui s'annonce massive, nous avons demandé à Rachel Keke, ancienne députée insoumise et figure de la lutte des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, ce qu’elle pense du climat politique et social. Sa réponse est sans détour : « La France ne va pas du tout. Le peuple souffre. Le 10 septembre, il ne faudra pas se contenter d’un jour ou deux de grève. Il faut bloquer jusqu’à ce que ce gouvernement recule. »
Élue en 2022 après avoir mené une grève victorieuse de 22 mois, Rachel Keke estime que sa voix reste attendue : « Les Français me disent encore : ta place est à l’Assemblée nationale. Parce que je parlais avec le cœur, avec l’expérience de celles et ceux qui survivent avec 700 ou 800 euros par mois. » Elle se souvient des débats sur l’augmentation du SMIC : « On proposait de le porter à 1 500 euros. La droite et l’extrême droite ont refusé. Je me suis dit : mais on rêve ! Comment peut-on voter contre quand des millions de gens n’arrivent pas à finir le mois ? »
Son mandat lui a aussi révélé le mépris de certains élus : « Ils ne s’attendaient pas à voir une femme noire, ancienne femme de chambre, députée. En commission, on me coupait la parole, on bavardait quand je lisais mon texte. Un jour, je leur ai dit : “Taisez-vous si vous voulez entendre !” »
Écartée en 2024, elle a fondé l’association D’invisible à visible pour continuer le combat : « J’ai voulu rendre visibles ces métiers dont on ne parle pas : femmes de ménage, éboueurs, agriculteurs. Nous allons sur le terrain, filmer leur quotidien, leur donner des avocats pour les défendre. » Elle raconte avoir rencontré des agriculteurs en Loire-Atlantique : « Beaucoup ferment leurs fermes. Dans cinq ans, il n’y aura plus de lait, plus de bétail. C’est une réalité. »
Face au projet de François Bayrou de supprimer deux jours fériés payés, son appel est clair : « Déjà que les salaires n’augmentent pas et que tout est cher, on veut encore prendre deux jours non payés ? C’est trop. J’appelle les travailleurs, les agriculteurs, les routiers, les femmes de chambre à se mettre ensemble. L’union fait la force. » Et de conclure : « La lutte paye toujours. »