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On s'autorise à penser

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Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.

Le parti des communistes : 100 ans d'engagement et de luttes populaires

Il y a un siècle, fin décembre 1920, naissait le parti communiste français, avec la décision du parti socialiste, prise au Congrès de Tours, d'adhérer à l'Internationale Communiste. Sociologue et historien, Julian Mischi a écrit une histoire du parti DES communistes, envisagée, donc, du point de vue de ceux qui ont milité dans ses rangs ou derrière sa bannière, et non pas seulement du point de vue de son appareil institutionnel.

C'est de la trahison des représentants socialistes pendant la Guerre de 14-18, c'est-à-dire de leur incapacité à empêcher le massacre des travailleurs dans les tranchées et de leur participation aux gouvernements de guerre, qu'est née la volonté très majoritaire parmi les représentants du parti socialistes réunis au Congrès de Tours d'adhérer à l'Internationale communiste (ou Komintern). La création de cette dernière par les bolchéviques russes après leur prise de pouvoir à l'issue de la Révolution d'Octobre ouvrait une nouvelle voie, que les militants socialistes français étaient d'autant plus enclins à suivre que leurs représentants étaient réticents à soutenir les luttes ouvrières au sortir de la Grande Guerre. Seule une minorité, derrière Léon Blum, choisit la scission.

Dès la deuxième moitié des années 1920, un renouvellement du personnel dirigeant aboutit à l'arrivée aux commandes du parti de personnalités issues du monde ouvrier, qui remplacèrent les leaders issus de milieux intellectuels et bourgeois. Ce changement se fit à la faveur d'une "bolchévisation" du parti, qui impliqua aussi une dépendance étroite à l'égard du Komintern, c'est-à-dire, théoriquement, à l'égard du mouvement communiste international, mais, en pratique, à l'égard de l'URSS. Il en résulta  une stalinisation nettement plus poussée et durable dans le cas français que dans celui des autres partis communistes européens, en particulier dans le cas de l'autre grand parti communiste de l'Ouest, le parti italien.
 

C'est ainsi que la déstalinisation, engagée dès 1956 chez les Italiens, avec en particulier la désapprobation de l'intervention soviétique en Hongrie, fut tardive (à partir de 1968) et incomplète dans le parti communiste français. Le stalinisme a eu pour conséquence de nombreuses exclusions, jusque dans les années 80. Il allait de pair avec l'ouvriérisme et des relations très difficiles et douloureuses avec les intellectuels, lesquels, pour la plupart, rompirent avec le PCF.

Julian Mischi montre cependant que le stalinisme a eu aussi des effets positifs, en fournissant le substrat d'une très forte identité de classe. Le "grand récit" du communisme et de sa patrie, l'URSS, a soutenu très efficacement les luttes populaires en France et permis les nombreuses conquêtes sociales obtenues d'abord sous le Front populaire, puis au lendemain de la Libération, avec les grandes grèves de 1947-1948. Du sortir de la Seconde Guerre Mondial au milieu des années 1970, le PCF a été le premier parti de France, auréolé aussi du prestige de son action dans la Résistance.

Julian Mischi revient enfin sur l'histoire du communisme municipale, de la conquête de 1500 communes aux élections de 1935, avec la formation de la "ceinture rouge" de la banlieue parisienne, jusqu'à la persistance actuelle de quelques bastions comme Bobigny et Stains. La gestion éclairée des villes aux populations défavorisées est une tradition du communisme français et constitue un des aspects les plus marquants de son héritage. Elle est l'occasion d'alliances avec d'autres forces politiques, parfois en contradiction avec la stratégie nationale. De ce point de vue, Julian Mischi souligne que le principal dilemme et facteur de division au sein du PCF porte aujourd'hui, encore et toujours, sur la nature des relations à entretenir avec le Parti socialiste : alliance, pour préserver les mandats des membres de l'appareil et les revenus de l'institution, ou rupture, pour ne pas subir les conséquences de la très forte droitisation de la gauche de gouvernement ? C'est en fonction de leur réponse à cette alternative que se déterminent les attitudes des communistes à l'égard de La France Insoumise.

Le parti des communistes : 100 ans d'engagement et de luttes populaires

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