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Milee (Adrexo) : des salariés dénoncent plusieurs « fraudes » en interne

Par Lisa Noyal

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Fraude au chômage partiel, temps de travail non rémunéré, contrats à plusieurs noms et erreurs de badgeuse… Syndicats et salariés dénoncent de multiples dysfonctionnements au sein de l’entreprise de distribution Milee (Adrexo).

« On a changé de nom, mais les pratiques continuent. C’est en permanence la fraude organisée à Milee », regrette Didier, délégué syndical à la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Milee, anciennement Adrexo, est le premier opérateur privé de la distribution d’imprimés publicitaires en France. La société rejoint Hopps Group en 2017 et continue d’enchaîner les difficultés financières. Elle échappe de peu à un redressement judiciaire en 2020, alors qu’elle cumule une dette de plus de 61 millions d’euros. Un an plus tard, Adrexo, chargé de la distribution des professions de foi pour les élections départementales et régionales, plonge dans une nouvelle polémique. Près de 9 % des documents électoraux n’ont jamais été distribués. Suite à ces défaillances, le Ministère de l’intérieur résilie son contrat avec la société. Aujourd’hui encore, « l'entreprise fait actuellement face à un contexte de décroissance dans le secteur de l'imprimé publicitaire », indique Milee. En cause, l'introduction de l'expérimentation du « Oui Pub » et l'augmentation du coût du papier due à l'inflation.

« Ils sont connus comme le loup blanc dans tous les prud’hommes de France »

« Quand on perd de l’argent, on va jouer sur ce qui coûte le plus cher dans une entreprise : soit on fait des ruptures de contrats, soit on essaie de grappiller quelques heures », remarque maître Raphaël-Anthony Chaya, avocat au barreau de Marseille. À Pau, il y a 10 ans, l’entreprise avait déjà été condamnée à 30 000 euros d'amende pour du travail dissimulé. En 2015, la documentariste Nina Faure réalise un court-métrage sur le même sujet. Fin septembre 2023, Milee comparaît en appel au tribunal de Saint-Nazaire, et l'entreprise est condamnée à verser 150 000 euros à sept salariés pour non-respect du contrat de travail. « Ils sont connus comme le loup blanc dans tous les prud’hommes de France », résume Jacques, du syndicat Force Ouvrière. Entre des accusations de fraude au chômage partiel, de la création de contrats sous plusieurs noms ou encore de temps de travail non rémunéré, des salariés et syndicats dénoncent de multiples dysfonctionnements au sein de l’entreprise. 

Fraude au chômage partiel

Au début de la pandémie du Covid-19 en 2020, Laurent* travaille en tant que développeur informatique au sein de Milee depuis presque 20 ans. « En mars, on reçoit une note de service disant qu’on va passer en activité partielle à 80 % et qu’il nous faut nous rapprocher de nos chefs de service, sans plus de précision », raconte cet ancien employé. Lorsqu’il appelle sa supérieure pour en savoir davantage, elle lui répond : « On nous met en chômage partiel, mais on nous demande de bosser comme si on n'était pas en chômage partiel ». Dans cet échange téléphonique enregistré et daté de mars 2020, que nous avons pu écouter, elle ajoute : « IIs veulent qu'on travaille à temps complet comme s'il ne se passait rien ». Lorsqu’une entreprise met ses salariés en chômage partiel, ces derniers doivent réduire leur activité pendant que l’État prend un charge une partie de leur rémunération. Quand Laurent fait remarquer à sa cheffe que ça n’est pas normal, elle lui rappelle les difficultés financières de l'entreprise. « C'est pas honnête, mais dans un mois et demi on s'en foutra de savoir si c'est l'État qui a payé ». De son côté, Milee affirme n’avoir jamais eu connaissance de cette situation. « Les déclarations qui seraient rapportées dans ces enregistrements relèvent de la seule responsabilité du salarié les ayant émises. La direction de l'entreprise n’a pas eu connaissance de ces déclarations, ne les cautionne pas et tient à souligner qu'elles ne correspondent en aucun cas aux directives ou consignes de la société ».

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