Supermarchés fermés, salariés abandonnés : le groupe Casino au cœur du scandale
Passée par L’Informé, Politis, ou encore l’Observatoire des multinationales, Pauline Gensel est journaliste enquêtrice. Ses sujets de prédilection : les entreprises, la santé et l’environnement.
Une quinzaine d’anciens magasins du groupe Casino (Leader Price et Spar) vendus par lot à des entrepreneurs souvent peu scrupuleux, ont fermé leurs portes, l'argent des caisses disparu. Enquête sur une mécanique bien rôdée qui met en cause les pratiques du groupe Casino.
Partout, la même situation. Des rayons vides, des magasins fantômes, des salariés qui ne sont plus payés. A Montmirail (Marne), Brassac-les Mines (Puy-de-Dôme), Lillebonne (Seine-Maritime), Trosly-Breuil (Oise)… Le Média a identifié une quinzaine d’anciens magasins du groupe Casino qui connaissent aujourd’hui les mêmes difficultés. Le point de départ ? La vente, ces derniers mois, des fonds de commerce à des entrepreneurs peu scrupuleux. Entre mai et octobre 2024, Imene Aoufi, consultante de 39 ans, devient propriétaire de six magasins - cinq Leader Price et un Spar. Au moins 4 de ces fonds de commerce sont achetés pour seulement… 1 euro. “Le premier jour, elle nous a vendu du rêve. Qu’elle allait faire du déstockage, qu’on allait recevoir de la marchandise”, raconte Jordan Morbois, ancien directeur du Spar de Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne). Mais les semaines passent et les livraisons n’arrivent pas.

“Elle nous disait que c’était normal, que le magasin allait se vider pendant un mois ou deux, le temps de trouver une enseigne. Mais on n’achète pas un magasin avant d’avoir trouvé une enseigne sous laquelle l’exploiter ! Avec 35 000 euros de frais fixes mensuels, entre le loyer, les factures EDF, les salaires, si le magasin ne réalise pas de chiffre d’affaires, on va droit dans le mur.”
200 000 cash
Même situation à Montmirail, dans la Marne. L’ancien Leader-price a fonctionné tant bien que mal pendant quelques mois, grâce aux marchandises déjà en stock avant le changement de propriétaire. De quoi générer des rentrées d’argent, en cash ou en carte bancaire… directement récupérées par Imene Aoufi. “Elle venait en voiture de luxe avec son associé pour récupérer le liquide de la caisse, un peu plus de 30 000 euros en tout pour Montmirail, explique Steve Boucly, secrétaire départemental CGT dans la Marne. Pour un prix de 1 euro, via une société créée avec 200 euros de capital, ça reste une sacrée culbute.”
Rien que dans les magasins de Montmirail, Fontenay-Trésigny et Saint-Dizier (Haute-Marne), la nouvelle propriétaire aurait récupéré plus de 200 000 euros en espèces. Elle se déplaçait avec deux hommes : Yacine et Jamal D., deux entrepreneurs de 37 et 59 ans, déjà condamnés par les tribunaux de commerce à des interdictions de gérer des entreprises de 5 et 3 ans.
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