EDF réprime ceux qui alertent
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Après une alerte sur des problèmes de sûreté, de corruption, de harcèlement ou de discriminations, des salariés d’EDF sont réprimés voire licenciés. Le Média en a rencontré une douzaine dont dix ont lancé des procédures judiciaires. Dans au moins trois affaires, EDF a déjà été condamnée pour « discrimination », « harcèlement moral » ou « préjudice économique ».
En sortant de la petite salle des Prud’hommes de Paris, Hassiba se dit soulagée. « Je sais qu’il y aura un appel, mais au moins c’est passé ». Accompagnée de l’association SOS Racisme, cette dernière a déposé plainte contre son employeur EDF pour discrimination et harcèlement. Arrivée en tant que conseillère clientèle, Hassiba progresse dans l’entreprise pendant une dizaine d’années notamment comme assistante cheffe de groupe puis gestionnaire des contrats. Mais sa carrière s'arrête subitement. Son tort : avoir signalé au comité éthique le traitement qu'elle dit avoir subi au sein d’EDF. Mise au ménage pendant quatre mois, aucune prime et arrêt d’évolution de carrière, puis affectation sur un poste sans ordinateur ni téléphone, remarques et blagues racistes de la part de ses collègues sur ses origines… L’enquête interne déclenchée après son signalement, conclut qu’il n’y a « pas de preuves [...] pouvant constituer du harcèlement moral ». Quelques mois plus tard, c'est elle qui reçoit un blâme pour avoir « porté de graves accusations à l’encontre d’autres salariés ».
Ne voyant plus d’issue, Hassiba fait alors le choix de se confier à un média. En février 2023, la salariée témoigne dans Blast et la situation s’empire. L’entreprise lance une enquête contre elle. Des salariés témoignent de leur mal-être en sa présence : ils se sentent « menacés » et « craignent des représailles à la suite de cette parution ». Des vigiles auraient même été mis à l’entrée du bâtiment par crainte d’un attentat. « Quand j’ai lu ça j’ai pleuré », raconte Hassiba, encore choquée. Depuis, elle oscille entre arrêts maladie et télétravail.
Si EDF met en avant ses engagements « à respecter les droits humains » dans le cadre de
ses activités et sa lutte contre les discriminations et le harcèlement, la réalité semble
bien différente. Nous avons échangé avec une douzaine de salariés ayant vécu des
situations similaires à celle de Hassiba. Face au constat de problèmes généralisés, ces
derniers se sont regroupés en collectif d'une centaine de personnes et tentent d’alerter sur la situation en interne.
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