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Les émissions spéciales

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Les émissions spéciales

Le Média se donne pour devoir de réagir à l’actualité quand elle s’accélère, mais aussi d’explorer de nouvelles formes et de nouvelles thématiques à travers des émissions spéciales, réalisées en interne ou en partenariat avec d’autres médias et/ou ONG et associations.

49.3 : Le doigt d'honneur

Le Média réunit le syndicaliste Gaël Quirante, l’avocat Yves Lévano et l’économiste Isabelle This Saint-Jean pour évoquer les conséquences politiques du recours du gouvernement Philippe au 49.3 sur la réforme des retraites. Trois mois après le début d'un mouvement social inédit, les centrales syndicales peinent encore à établir une stratégie pour tirer profit de la mobilisation populaire et inverser le rapport de force.

Dans la genèse de la réforme des retraites, tout est affaire de chiffres. Soixante-cinq articles et 35 544 amendements étaient au programme des discussions autour du projet de loi débattu au Parlement. Il aura finalement fallu 11 jours au gouvernement pour confisquer le débat sur la mère de ses réformes après l’examen de seulement 7 articles du texte. 

Et c’est au moment d’aborder l’un des principaux points de crispation, le « nouvel indicateur » de l’INSEE, qui sera nécessaire pour calculer la valeur du point dans le futur système, qu’Edouard Philippe a préféré couper court aux discussions. Un amateurisme coupable, dénonce l’économiste Isabelle This Saint-Jean : « On en arrivait à un moment où un certain nombre de points que le gouvernement ne veut pas que les Français comprennent allaient apparaître dans le débat : l’âge d’équilibre, la valeur du point… »

« Contrairement à ce qui a été dit par la propagande gouvernementale, il y avait de réelles discussions sur cette loi à l’Assemblée », poursuit celle qui est aujourd’hui secrétaire nationale du Parti socialiste. « Les amendements de l’opposition ont permis de mettre à jour son illisibilité et sa profonde injustice pour chacun d’entre nous ». 

Passage en force

Le choix d’examiner la loi en procédure accélérée avait déjà provoqué la colère de l’opposition. « Trois semaines pour une loi comme ça, c’est une plaisanterie. Vous avez une loi qui va changer pour 100 ans le destin de chaque Français. Imaginer qu’en trois semaines ça pouvait être réglé, franchement, on n’y croyait pas », s’indigne l’avocat Yves Lévano. 

« La seule bonne nouvelle, c’est qu’il y a eu un front des forces de gauche à l’intérieur de l’Assemblée », poursuit Isabelle This Saint-Jean. Invisibilisés dans les médias ces dernières semaines, les opposants à la réforme ont ces derniers temps fait bloc derrière l’opposition parlementaire des groupes communistes et LFI, qui retardent l’examen du texte depuis son passage en commission. 

« Quand est-ce que vous avez vu, dans votre histoire politique et sociale, une mobilisation qui part d’un secteur régional, se fait contre les directions syndicales et arrive à embraser la plaine comme ça s’est fait là ? ». Gaël Quirante, syndicaliste.

Le recours au 49.3 ne clôt d’ailleurs pas définitivement leur combat. Le gouvernement ne pourra pas éviter leurs interventions lors de l’examen de la loi organique qui débutera mercredi à l’Assemblée. Les possibilités d’invalider le texte sur le plan juridique ne sont pas non plus épuisées, indique Isabelle This Saint-Jean, qui évoque la possibilité d’un recours devant le Conseil Constitutionnel.

« La bagarre parlementaire est l’expression de ce qui existe dans le pays », souligne le secrétaire département du syndicat SUD 92, Gaël Quirante. Selon lui, personne ne sortira indemne du bras de fer qui dure depuis 3 mois entre la rue et le gouvernement : « On regarde souvent les coups qu’on prend, mais regardons la crise politique qu’il y a au gouvernement ».

Déni de démocratie

Le leader syndical, qui a gagné son combat contre la direction de La Poste l’été dernier, ne perd pas espoir, bien au contraire. La durée inédite du mouvement le pousse à croire que le retrait du texte est encore envisageable à condition d’inverser le rapport de force. « Quand est-ce que vous avez vu dans votre histoire politique et sociale une mobilisation qui part d’un secteur régional, qui se fait contre les directions syndicales et qui arrive à embraser la plaine comme ça s’est fait là ? », interroge-t-il.

Pour le syndicaliste, c’est une grève générale qu’il faudrait organiser : « On veut le retrait, pas un aménagement. Alors, comment on l’obtient ? On dit bravo aux députés qui mènent aujourd’hui cette bagarre de tranchées au niveau du Parlement, car ça permet de ralentir l’examen du projet et d’accentuer la crise. Mais comment parvenir au retrait du projet de loi ? Le blocage de l’économie, c’est toujours un objectif ou pas ? » 

Coordonner les luttes

Dans les transports, le sacrifice de décembre des grévistes a laissé des traces. Le montant des caisses de grève s’est jusqu’ici révélé insuffisant pour permettre une pleine mobilisation des salariés en lutte. « La grève générale, il va falloir financièrement l’assumer », résume Yves Léano. « C’est ce que nous, avocats, nous avons essayé de comprendre en faisant à la fois des actions qui pourraient embêter le gouvernement tout en faisant vivre nos familles », ajoute-t-il. 

Mais l’avocat continue à penser que la mobilisation pourrait faire fléchir Edouard Philippe. « Ce n’est pas fini. Le projet va aller au Sénat, au Conseil constitutionnel et à mon avis, le retrait demeure encore possible ».

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