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Marche ou Grève

L’émission quasi quotidienne et reconductible du Média TV qui raconte et accompagne le mouvement social né le 5 décembre 2019, autour de la contestation de la réforme des retraites engagée par l’exécutif Macron/Philippe.

Persécutés pour avoir fait grève

Les démonstrations de force syndicales de décembre et janvier, fortement portées par les travailleurs de la SNCF et de la RATP, sont derrière nous. Dans la discrétion, les représailles patronales se multiplient. Il s'agit de faire des exemples, et d'empêcher l'émergence d'une nouvelle “saison” du mouvement social. Nous en parlons avec Ahmed Berrahal, élu CGT du dépôt de bus RATP Flandre, menacé de révocation.

Pour Ahmed Berrahal, les ennuis ont commencé le 24 janvier. Au petit matin, une vingtaine de professeurs viennent soutenir le piquet de grève et interprètent une chorégraphie sur l'air du tube “It's Raining Men”. La scène, joyeuse, est insupportable pour la direction de la RATP, qui décide de rendre Ahmed responsable du blocage. Lui dément. Vidéos à l'appui, il affirme qu’il n’était même pas présent ce jour-là : “J’ai 17 ans de boîte à la RATP, je sais que si on bloque un dépôt on vous licencie sur-le-champ. Je suis délégué du personnel et je sais ce que j’ai le droit de faire et ne pas faire”. Il reçoit tout de même une convocation de la part de se hiérarchie, avec à la clé une procédure qui peut aller jusqu’au licenciement. La date de son entretien de discipline reste encore à fixer.

La direction maintient la répression après la tentative de suicide d'un gréviste

Cette pression de la direction, certains ne la supportent pas. François, salarié de la RATP employé à la maintenance au dépôt de Vitry, fait partie des trois salariés à avoir été convoqués à une entretien préalable à sanction le 13 janvier dernier. On leur reproche d’avoir insulté des collègues non-grévistes le 10 décembre, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Le 27 au matin, François s’ouvre les veines. Le salarié devra sortir de la maison de repos où il est actuellement soigné pour passer en commission de discipline. Ahmed dénonce un acharnement. “Ils auraient pu suspendre la convocation de 6 mois, attendre qu’il soit remis, mais non. Quand je suis arrivé à la RATP, c’était une boîte familiale. Aujourd’hui la répression s’abat sur nous. Tentative de suicide ou pas, vous allez être jugés comme des terroristes”. Un rassemblement de soutien est prévu en face du bâtiment qui accueillera le conseil, dans le 12ème arrondissement de Paris.

D'après le syndicaliste, le durcissement de la hiérarchie vis-à-vis des grévistes s’explique par l’approche de l’ouverture à la concurrence, en 2024. 21 dépôts de bus seront alors loués ou mis en vente. Pour le militant CGT, les dépôts de banlieue, supposés moins rentables que les autres, seront les premiers à être cédés à des exploitants privés. Il craint à terme une diminution du service public dans les territoires qui en ont le plus besoin, mais aussi la fin du statut des salariés de la RATP. “Quel patron va vouloir acheter un dépôt où les syndicats sont durs comme celui de Flandre ? Plus on va nous briser, mieux ce sera pour l’ouverture à la concurrence. Ils préparent déjà 2024 et ça va faire très mal à tout le monde”, explique Ahmed Berrahal.

Malgré la répression syndicale, il semble déterminé à poursuivre la lutte. “On sait que nous allons repartir sur une grève dure, mi-avril, avec les syndicats. [...] Nous, à la base, nous sommes tous prêts à repartir”. Pour tenir, il faut de l’argent : le syndicaliste compte donc sur le soutien populaire et les cagnottes pour alimenter les caisses de grève en prévision de la reprise du bras de fer avec le gouvernement.

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