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Contrat de performance : Comment l’Etat détruit la SNCF

Par Shaï Pauset

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Avec la canicule, les problèmes de trafic ferroviaire se multiplient. La détérioration des infrastructures y est pour quelque chose. Derrière ce phénomène : un contrat de performance passé entre la SNCF et l’Etat, qui débloque bien trop peu d'argent. Enquête.

Seize heures d’attente, des usagers qui marchent le long des rails ou dans des tunnels. Ces mises en danger s’intensifient au rythme des incidents des transports toujours plus fréquents et toujours plus dangereux. “J’ai pris le train à Gare de Lyon. Le train était déjà arrêté depuis 20 minutes alors les quais étaient blindés et l’air irrespirable. On démarre puis le train s’arrête encore durant 30 minutes. Sous 40 degrés c’était un enfer, sans climatisation dans les wagons les gens commençaient à faire des malaises à cause de la chaleur. Donc les voyageurs ont commencé à ouvrir les portes pour marcher jusqu’à Maison Alfort”. Les rails sont alors pris d'assaut par les usagers du RER D, dont Melving qui en témoigne. C’était le 19 juillet dernier. Mais cet incident n’est pas isolé.  

 “On dirait une scène d’apocalypse” 

La veille seulement, Laurie raconte sur Twitter un incident sur le RER B. Ce dernier s'arrête et des groupes d’usagers finissent par descendre du train et marcher dans le tunnel du RER qui relie gare du Nord à Châtelet. “Il y a tellement de monde ! En passant, on continue d’aider les autres à sortir du train, les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, je me dis que tellement de choses graves peuvent arriver. La chaleur, les câbles qui jonchent le sol, les trains qui passent…”. Laurie croise plus tard “à nouveau un train à l’arrêt et cette fois les gens ont ouvert les portes des deux côtés, on les voit sauter sur les rails, on dirait une scène d’apocalypse”. 

 Contrat de performance : Comment l’Etat détruit la SNCF
ERIC PIERMONT / AFP

Mais comment des usagers de l’un des réseaux les plus empruntés d’Europe se retrouvent dans une telle situation ? Les infrastructures vieillissantes de la SNCF ont leur responsabilité dans la multiplicité de ces incidents dont les épisodes caniculaires accentuent la récurrence. Combien de fois le message de pannes électriques ou de caténaires rompus a servi de justification aux heures d’attente vécues sur les quais du RER ? La SNCF explique ce phénomène sur son site : “Pour rappel, les caténaires sont l’ensemble des câbles suspendus par des pylônes destinés à alimenter les trains en électricité. Afin d’assurer leur bon fonctionnement, les caténaires doivent être le plus tendues possible. Composées principalement de cuivre, elles peuvent subir un effet de dilatation et s’allonger sous l’effet de la chaleur. Cela provoque donc des défauts d’alimentation électrique et par conséquent, un potentiel ralentissement ou arrêt des circulations”. Mais sans préciser que “sur le réseau Ile-de-France, il y a des caténaires qui ont plus de 80 ans”, comme l’explique au Média Anasse Kazib, le médiatique cheminot et délégué syndical à SUD Rail.   

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CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

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