Le Journal des luttes, c’est le seul JT quotidien entièrement dédié aux luttes sociales et syndicales en France. Chaque jour, il donne la parole au camp du travail, aux exclu.e.s et à celles et ceux qui les soutiennent, et met en lumière leurs combats et leurs victoires.
Retailleau lance une rafle contre les "clandestins" : l'appel d'Utopia 56 pour défendre la Fraternité
Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56, alerte sur la répression croissante des exilés. Alors que Bruno Retailleau déploie 4 000 agents pour traquer les sans-papiers, les contrôles racistes se multiplient, sous couvert de lutte migratoire.
L’association Utopia 56 se bat pour défendre les droits des personnes exilées et à la rue, 365 jours par an, 7j/7, 24h/24, et dans sept antennes en France. Mais intervenir auprès de plus de 40 000 personnes par année, et alerter sur leurs conditions de vies et de non-accueil, a un coût. Pour financer cette aide d'urgence, Utopia 56 ne reçoit aucune subvention de l’État : elle conserve ainsi sa liberté de parole et d’action. Son modèle économique repose essentiellement sur la générosité des citoyennes. C’est pourquoi l’association recherche 2000 nouveaux soutiens mensuels, pour structurer et pérenniser leurs actions et œuvrer à faire respecter les droits humains.
Il est devenu l’un des visages les plus connus de la solidarité avec les exilés. Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56, est de ceux qui agissent là où l’État déserte ou réprime. Depuis 2016, son association intervient aux côtés des personnes migrantes à Calais, à Paris ou ailleurs en France, dans des conditions souvent indignes. Manzi fait partie de ces aidants criminalisés par les autorités, ces citoyens qui tendent la main là où la République ferme les yeux. Sur le terrain, avec les bénévoles d’Utopia 56, il tente d’offrir un minimum de dignité à celles et ceux que l’on abandonne dans le froid, la boue ou la peur. Il est avec nous aujourd’hui pour décrypter la situation des personnes exilées en France et en Europe, au moment où le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, durcit encore le ton. Depuis mercredi matin, les forces de l’ordre ont intensifié les contrôles dans les gares, trains et bus, notamment aux frontières. Cette nouvelle opération nationale contre « l’immigration irrégulière », orchestrée par le ministère de l’Intérieur, fait suite à celle de mai dernier, qui avait déjà conduit à plus de 750 interpellations. Annoncée la veille sur CNews, la manœuvre mobilise 4 000 agents.
Objectif affiché par Bruno Retailleau : envoyer un signal "ferme et définitif" à ceux qu’il appelle les "clandestins". Dans le viseur : les grandes gares, les lignes transfrontalières et régionales, en particulier dans le Nord et les zones frontalières. Une note ministérielle évoque une augmentation de 28 % des interpellations d’étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines – soit 47 000 depuis janvier.
Pour Utopia 56, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une vaste opération de discrimination raciale, mise en scène par une communication gouvernementale décomplexée.