Le dimanche 25 mai dernier, l’Espagne accueillait un énième sommet international sur la question palestinienne. Une rencontre qui, comme tant d’autres avant elle, pose la question de son efficacité réelle : si ces grands raouts diplomatiques avaient le pouvoir de changer le destin tragique du peuple palestinien, cela se saurait depuis longtemps. Face à la destruction massive de Gaza — ses infrastructures, ses lieux de vie, et surtout ses habitants — par l’armée israélienne, le silence ou la relative inaction des grandes puissances arabes est d’autant plus frappante.

Dans cet épisode du Monde n’a pas de centre, la chronique internationale de Bertrand Badie sur Le Média, il est justement question de ce paradoxe : alors que les monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, etc.) disposent d’un pouvoir de négociation immense, elles apparaissent aujourd’hui en retrait sur le dossier palestinien. L’Espagne, pays européen sans ce même poids géopolitique, semble paradoxalement plus offensive dans la scénographie diplomatique.

Que font réellement les pays arabes face à ce que certains décrivent comme le premier génocide filmé en direct ? Pourquoi ce silence ? Bertrand Badie explore plusieurs pistes : la montée du micronationalisme, qui pousse chaque État à privilégier ses intérêts propres au détriment d’une solidarité arabe autrefois affichée ; les rivalités interarabes qui fragmentent la région ; et les clivages politico-religieux, notamment entre Frères musulmans et wahhabites, qui compliquent toute action commune.

Enfin, la chronique s’interroge sur les conséquences possibles pour les régimes arabes eux-mêmes : la poursuite de l’horreur à Gaza risque-t-elle de fragiliser ces pays, en particulier ceux engagés dans une normalisation des relations avec Israël ?