Cela faisait des années que Joseph Kabila, l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), était resté silencieux. Depuis qu’il avait cédé officiellement le pouvoir à Félix Tshisekedi à l’issue d’une élection contestée mais présentée comme démocratique, il s’était effacé de la scène publique. Pourtant, alors que son pays est aujourd’hui en proie à une crise majeure avec l’avancée des rebelles du M23 dans l’Est, Joseph Kabila a décidé de rompre le silence… et de s’attaquer frontalement à son successeur, qu’il accuse d’avoir échoué à préserver les acquis de son propre mandat.

Cette prise de parole survient dans un contexte tendu : la levée récente de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila (sénateur à vie selon la Constitution) a relancé les spéculations sur un possible affrontement politique à venir. Et plus troublant encore : peu après, on a vu Kabila se rendre à Goma — le fief même du M23 — alors que ce mouvement armé contrôle désormais de vastes zones à la frontière rwandaise. Que signifie ce geste ? À quel jeu joue-t-il vraiment ?

Pour éclairer ces enjeux, cet épisode de Décrypter l’Afrique donne la parole à Albert Mukulubundu, membre de l’opposition congolaise et de la Dynamique unitaire panafricaine. Ensemble, nous revenons sur le parcours de Joseph Kabila, enfant comme Mukulubundu de la lutte anti-Mobutu, héritier politique de son père Laurent-Désiré Kabila. Mais la stratégie actuelle de Kabila fils est-elle risquée ? Ne donne-t-elle pas du grain à moudre à ceux qui l’accusent de longue date d’être une "marionnette du Rwanda" ?

Plus largement, que va changer cette évolution dans le rapport de forces politico-militaire en RDC ? Tshisekedi est-il désormais affaibli ? Alors que les États-Unis soutiennent toujours le Rwanda de Paul Kagame, ce dernier semble encore tirer les ficelles du jeu régional.