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Les émissions spéciales

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La révolution sera féministe

Après le week-end du 8 mars, ponctué de graves violences policières, mais aussi les “Césars de la honte”, et dans un contexte de révolte contre la réforme des retraites façon Macron-Philippe, une discussion sur les combats féministes de notre époque.

Qu’est-ce qu’être féministe aujourd’hui en France et dans le monde ? Faut-il se borner à constater que les combats pour les droits des femmes ont fait un chemin immense - si l’on prend en considération le temps long ? Devons-nous constater la relégation de la thématique au second plan, alors que - comme l’écologie -, la pensée féministe est une grille de lecture pertinente pour comprendre le monde qui nous entoure ? Est-il urgent d’alerter sur le retour en force, dans un contexte de sourde bataille culturelle, des pulsions masculinistes les plus abjectes ?  

Pour évoquer toutes ces questions, la journaliste Paloma Moritz a fait appel à trois femmes aux parcours divers et aux expériences complémentaires. Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe ; Aurore Koechlin, doctorante en sociologie, autrice du livre “la Révolution féministe”, publié en août dernier ; Chloé Madesta, activiste féministe et colleuse de rue. 

#MeToo, le moment de bascule

Ce 11 mars 2020, on apprenait la condamnation à 23 ans de prison du puissant producteur américain de cinéma Harvey Weinstein, qui est devenu le symbole sordide des viols et violences sexuelles infligées par des hommes puissants. Le détonateur du mouvement #metoo, “événement historique” selon Geneviève Fraisse, qui retient du procès la controverse édifiante sur le statut de “prédateur sexuel” du personnage. 

Quand c’est un système, il s’agit de prédation. Et pas seulement violeur, ou pas seulement harceleur. On est au cœur du problème qu’on a envie de poser au bout de deux ans de #metoo. C’est une question d’organisation sociale et politique et pas seulement de comportement. Sous le contrat social, il y a un contrat sexuel : le corps des femmes mis à la disposition des hommes”. Revenant sur l’affaire Polanski, Geneviève Fraisse insiste une fois de plus sur sa dimension systémique. “Ce qui est mis en lumière, c’est le caractère inacceptable de la tolérance du monde de l’industrie cinématographique, donc de puissants capitalistes. C’est pour cela que la tribune de Virginie Despentes est si forte. Elle arrive à mélanger la question du capitalisme et la question du féminisme”, poursuit-elle.

Une histoire féministe en quatre vagues ?

Le féminisme, c’est une histoire, avec une certaine profondeur - souvent mal connue. Une histoire qu'Aurore Koechlin tente de structurer, dans son livre La révolution féministe. “La première vague, ce serait le moment tournant du XIXème et du XXème siècles de mobilisation autour de l’égalité des droits politiques, autour notamment de la figure bien connue de la suffragette. La seconde vague, ce serait au moment des années 1960/1970, avec une focalisation sur la question des droits reproductifs, notamment de la légalisation de la contraception et de l’avortement, et plus globalement du droit à disposer de son corps. La troisième vague, ce serait dans les années 1990. Un moment de reconceptualisation du sujet de féminisme, en essayant d’intégrer encore plus que dans le passé les questions de domination ethno-raciale, de luttes LGBT et de questions de classe”.

Et la quatrième vague, qu'Aurore Koechlin situe dans la période contemporaine. “Je la ferais partir de l’Amérique latine et de la mobilisation contre les féminicides vers le milieu des années 2010 voire un peu avant. Et effectivement, le mouvement #metoo, c’est un moment dans cette quatrième vague. Et il y a un troisième moment, c’est celui de la construction de la grève féministe pour le 8 mars à l’appel du collectif argentin #NiUnaMenos à partir de 2017”. Une grève du travail salarié et des tâches domestiques, qui démontre la centralité économique et sociale des femmes.

Le récit des “quatre vagues” ne fait pas l’unanimité. Geneviève Fraisse ne cache pas qu’elle le récuse, d'abord dans sa dimension historique. Le féminisme, pour elle, trouve ses racines dans la première partie du XIXème siècle avec les saint-simoniennes et les utopistes de 1830. Plus généralement, la description du féminisme via des vagues ne rendrait pas justice à une continuité qui s’est toujours exprimée.

Mars 2020, la charnière

Cette année, il y a eu deux marches pour les droits des femmes. Une marche nocturne le 7 mars, affirmant sa radicalité, et réprimée par les forces de l’ordre ; et une marche en journée, le 8 mars plus centrée sur la contestation de la réforme des retraites - qui va pénaliser plus durement les femmes ayant eu des carrières “hachées”.

Chloé Madesta raconte la marche réprimée du 7 mars en question. “Toute la marche s’est déroulée sans encombre. On s’est retrouvés place de la République à l’arrivée du trajet déclaré de la marche. Et en quelques secondes, tout a basculé. Les policiers ont commencé à charger les manifestantes, à les tirer par les cheveux, à les balancer par terre. Le communiqué de presse de la préfecture de police est un tissu de mensonges”.

Pourquoi ces violences policières vis-à-vis du mouvement féministe ? Pourquoi “ce moment de bascule”, selon l’expression de Chloé Madesta ? Deux explications, selon nos invitées. L’implication des femmes dans le mouvement social et la dernière cérémonie des Césars, qui a vu éclater la colère d’Adèle Haenel et d’Aïssa Maïga. La peur de la radicalité ! 

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